Quelques chiffres seulement peuvent démontrer la différence entre une bonne et une mauvaise gestion des finances publiques et de l’économie. Nous allons retenir deux dates de référence, 1980 et 2023.
Certains commentateurs se complaisent à dire que le budget de l’État français est déficitaire depuis 50 ans, ce qui a généré de la dette. Cela sous-entend que les situations sont comparables entre les périodes. Autrement dit, que la mauvaise gestion des finances publiques a toujours été la règle. Ce discours est inexact.
Rappelons un principe de base. Lorsque le budget de l’État est déficitaire, ce dernier est contraint à emprunter. Il le fait par le biais des émissions de bons du Trésor, qui sont souscrits par des agents économiques, ce qui génère la croissance de la dette de l’État.
En 1980, le déficit de l’État est de 1,1 milliards d’euros. Le ratio entre la dette de l’État et le produit intérieur brut (PIB) s’élève à 12,2%. Rappelons qu’à cette époque la dette de l’État français est de 55,1 milliards d’euros.
Elle est faible et elle est, à cette époque, consacrée aux investissements publics qui sont monétisés (centrales nucléaires, modernisation du trafic ferroviaire avec le TGV, construction de nouvelles autoroutes, etc). Par exemple, lorsque l’on construit une centrale nucléaire, cela crée des emplois et l’électricité produite est achetée par les ménages et les entreprises.
Il y a donc de vraies créations d’emplois marchands et des rentrées fiscales supplémentaires. Cela se traduit par un faible niveau du déficit et de la dette. Rappelons enfin que, durant la décennie 1970-1980, le nombre d’emplois industriels dépasse les 5,5 millions.
En 2023, le déficit budgétaire est de 155,3 milliards d’euros et la dette de l’État s’élève actuellement à 2513,5 milliards d’euros. Le ratio entre la dette et le PIB est de 89,7%.
Entre les deux dates, elle a été multipliée par 45,61. En outre, depuis plus de 30 ans, les émissions de bons du Trésor sont consacrées au financement du fonctionnement de l’État dans une proportion qui n’est pas communiquée. C’est donc de la mauvaise dette qui ne crée ni croissance réelle, ni augmentation de richesses nouvelles provenant de la production. En 20 ans, la désindustrialisation a provoqué la perte de 2 millions d’emplois. Il convient d’y ajouter la régression des productions agricoles. Difficile d’affirmer dans ce cas que la « dette publique sert à la croissance et crée de la richesse ».
Il y a 44 ans, la gestion de l’économie était maîtrisée et se focalisait sur des objectifs relatifs à la croissance de la production de marchandises et de services, générant ainsi de nouveaux emplois. Le poids de la fiscalité était encore raisonnable et le tissu économique diversifié.
Depuis plusieurs décennies, notre addiction aux déficits budgétaires devenus entre-temps considérables, nous a conduit à la situation actuelle. La seule réponse à cette crise structurelle passe par une réforme profonde de l’État et des collectivités territoriales, ce qui dégagerait des économies. L’objectif est de revenir à des budgets équilibrés, voire en excédent, condition nécessaire à une forte diminution de la dette publique.
La France, contrairement aux autres pays européens, a continuellement retardé la réorganisation de ses structures administratives, faisant croître le niveau de la pression fiscale, insupportable pour les contribuables et pour les entreprises. Nous en payons aujourd’hui le prix par l’affaiblissement de notre tissu économique productif et par un chômage massif.